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[Corée Affaires 112] Comment bien intégrer les criteres ESG ?

[Corée Affaires 112] Comment bien intégrer les criteres ESG

Les entreprises face à ce nouveau paradigme

Face au changement climatique et à la pandémie, les critères ESG s'installent au cœur de la gestion d’entreprise. Ils émergent comme un nouveau paradigme des stratégies de gestion, notamment pour les grandes entreprises qui cherchent un développement durable par l’attraction de nouveaux investissements par exemple.

Les entreprises sud-coréennes s’adaptent rapidement à cette tendance. Au lieu de publier leurs rapports habituels sur la « gestion durable », elles se mettent à évoquer leur volonté d’engagements en matière d’ESG et n’hésitent pas à se soumettre à l’évaluation des agences de notation ESG.

Cependant, il s’est révélé que les émissions de gaz à effet de serre de « portée 3 »1 , concernant l’intégralité de la chaîne de valeur,sont 11,4 fois plus élevées que celles de portée 1 et 2 combinées en représentant 80 % de l’ensemble des émissions. Ainsi, on commence à comprendre que les critères ESG n’engagent pas seulement les grandes entreprises, mais aussi qu’ils incitent à élaborer des réglementations plus globales qui imposent par exemple l’inspection de la chaîne d’approvisionnement.

En parallèle, les facteurs ESG étendent leur influence jusqu’aux PME, aux sociétés de capital-risque, et aux startups.

Selon un sondage récent de la Fédération des Industries coréennes, 76 % des personnes interrogées pensent que la gestion ESG améliore l'image des entreprises. Ce résultat montre bien que les consommateurs affichent eux aussi un intérêt grandissant aux critères ESG. Ce qui est certain, c'est que l'intégration des critères ESG constitue une priorité majeure pour les entreprises. Face à cette tendance, en Corée du Sud, les établissements financiers renforcent leur investissement ESG et les grandes entreprises s'engagent dans ce domaine de manière plus active.

Leurs efforts sont multiples : renforcement du statut des services en charge des critères ESG existants, création d’un comité ESG, adhésion à l'initiative RE1002 , élaboration d’objectifs à moyen et long terme de neutralité carbone, annonce d’une vision ESG dans leur rapport sur la gestion durable, construction d’un système d’évaluation de la gestion ESG, etc.

Le gouvernement sud-coréen a élaboré, à son tour, les directives « K-ESG », tandis que le ministère de l’Industrie, le ministère de l’Environnement et la commission des services financiers prennent des mesures telles que le renforcement des infrastructures et la création des primes pour les entreprises ayant obtenu les meilleures notes ESG. Ils affichent également leur ferme volonté de lutter contre le « ESGwashing »3 .

Au niveau mondial, la fondation IFRS (International Financial Reporting Standards) a créé en novembre 2021 l'ISSB (International Sustainability Standards Board) et afin d'appliquer les « normes IFRS d'information sur la durabilité », elle a publié un exposé-sondage recueillant les commentaires des parties prenantes. À l'instar de cette organisation internationale qui élabore les normes de comptabilité sur les informations financières, les grands cabinets comptables ou les cabinets juridiques coréens portent eux aussi une attention particulière aux critères ESG.

À mesure que les séminaires et les forums traitant ce sujet se multiplient, nombreux sont ceux qui se prétendent être experts, comme si les critères ESG constituaient un domaine exceptionnel. Certains établissements et entreprises internationales semblent également trop attachées à se vanter de leurs bonnes notes ou à cultiver une forme d'hégémonie au lieu de se focaliser sur une réelle intégration des indicateurs ESG dans leur gestion.

À titre d'exemple, certaines sociétés vont jusqu’à établir elles-mêmes un système de diagnostic ou d’évaluation, tandis que des établissements financiers tentent de se différencier sur le marché financier par l’évaluation d’entreprises au moyen de leurs propres indices ESG.

Quant au gouvernement sud-coréen, il se met à annoncer des mesures, directes et indirectes, sans déterminer son rôle avec précision.  Ainsi, chacun à sa manière, divers acteurs tentent de répondre aux critères ESG, mais il est vrai qu’il n’est pas facile de s’y retrouver ni de savoir où se diriger.

Ce qui est certain, c'est qu'il ne faut pas considérer les données ESG, qui reflètent des éléments extra-financiers tels que le changement climatique, avec le seul prisme des performances chiffrées, comme on le ferait pour des résultats financiers. Car les critères ESG doivent être traités de manière systémique au niveau du management, et non pas seulement comme un indice de performance ou d’évaluation.

Il ne faut pas oublier non plus que les entreprises sont les acteurs qui adoptent la gestion ESG et non les évaluatrices.

 


Quelles sont les bonnes manières d’intégrer l’ESG ?

1) Appliquer activement les normes ISO

L’ESG ne date pas d'hier. Même si la communauté internationale a commencé à employer ce terme depuis peu, elle a toujours mis en place des critères ou des conventions qui lui sont liés.

En matière de lutte contre le changement climatique, de gestion éthique et respectueuse des lois, de contrôle de santé et de sécurité ainsi que de droits de l'homme, elle en a déjà débattu et adopté des normes internationales.

Parmi les normes ISO en vigueur, il existe l’ISO 26000 (guide de lignes directrices proposé aux entreprises) pour l’ensemble des critères ESG. L’ISO 14000 (système de management environnemental) et l’ISO 50001 (système de management de l’énergie) sont pour le pilier « E », tandis que l’ISO 45001 (système de management de la santé et de la sécurité) et l’ISO 37301 (système de management de la conformité) concernent le pilier « S ». Enfin, l’ISO 37001 (système de management anti-corruption) et l’ISO 22301 (système de management de la continuité d'activité) ont trait au pilier « G ». À cela, s'ajoute l’ISO 17029 (évaluation de validation et vérification).

Si ces normes sont appliquées pour évaluer les performances ESG ou construire un système de gestion ESG des entreprises, l'intégration des critères pourrait se réaliser plus facilement et avec plus d’efficacité.

 

2) Minimiser le rôle du gouvernement

En tant que vision et principe de gestion d'une entreprise, les critères ESG, qui doivent être appliqués de manière systématique dans l’ensemble de son personnel, du patron aux nouveaux employés, ne sont pas une question à résoudre qu’à travers un soutien gouvernemental.

Il n'est pas souhaitable d'obliger les entreprises à respecter à tout prix les critères ESG pour qu'elles puissent bénéficier d'une aide publique, car l'ESG n'est pas le seul paramètre qui garantit leur développement durable et que la situation varie d'une entreprise à l'autre.

Une véritable mise en pratique des critères ESG n’est possible que lorsque les entreprises en ressentent le besoin elles-mêmes pour ensuite s’y préparer.

Il est préférable que le gouvernement sud-coréen se cantonne à la construiction d’une feuille de route à moyen et long terme, dont une exigence de reporting ESG, ainsi qu’à la proposition de plans d’action . Évidemment, la plupart des PME rencontrent des difficultés, faute de ressources humaines et matérielles. Il vaut mieux leur accorder une aide indirecte, au lieu d’un soutien financier direct, comme l’aide à la création d'un poste de responsable des ESG ou des formations spécialisées. Un soutien direct risque en effet de provoquer des conséquences néfastes telles qu’un manque de volonté ou l’inertie des entreprises bénéficiaires, ce qui finira par dégrader leur compétitivité et augmenter le risque de greenwashing.

Quant aux PME, elles ne doivent pas compter exclusivement sur le soutien du gouvernement. Les ESG ne sont plus un simple facteur d'évaluation de leurs performances ; ils sont aujourd’hui devenus une valeur clé de la gestion d’entreprise. Elles doivent bien comprendre qu’elles doivent elles-mêmes établir de nouvelles visions et stratégies respectueuses des critères ESG, si elles veulent durer dans le temps. C’est à elles de relever ce défi.

 

3) Renforcer la formation aux critères ESG et à leur évaluation dans le cadre du soutien aux start-ups

Dans les entreprises déjà existantes, l'intégration de chaque critère dans leur gestion n'est pas facile, parce qu'elles n'ont pas tenu compte des ESG lors de leur création.

Certes, certaines filières consomment beaucoup de plastique alors que d’autres, beaucoup d'électricité. Pourtant, désormais, une entreprise créée sans aucune considération des problèmes environnementaux tels que les émissions de CO2 et des activités socialement valorisantes, ne pourra pas s’assurer un développement durable.

Par conséquent, élaborer des programmes de formation aux facteurs ESG, étendre l’application des critères ESG aux start-ups et aux sociétés de capital-risque et créer un label ESG contribueront à la généralisation de la gestion ESG.

Enfin, soutenir la création des entreprises visant à résoudre des problèmes sociaux dans divers domaines constitue un projet essentiel et crucial pour véritablement intégrer la gestion ESG.

 


[1] Dans les protocoles de catégorisation des émissions de gaz à effet de serre, on distingue trois types d’émissions : les émissions de portée 1 qui sont celles directement émises par l’entreprise, celles de portée 2 émises indirectement par l’énergie nécessaire pour la production par exemple, et enfin celles de portée 3 qui prennent en compte toutes les émissions associées à l’intégralité de la chaîne de valeur.

[2] L’initiative globale qui rassemble les grandes entreprises s’engageant vers un approvisionnement en électricité 100 % renouvelable

[3] En référence au terme “Greenwashing” qui désigne l’utilisation des techniques marketing pour se façonner une image écologique trompeuse.

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