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Industrie du cinéma et des séries : où en sont la Corée et la France ?

Industrie du cinéma et des séries : où en sont la Corée et la France ?

Image : Remise du prix « Etoile du Cinéma » à l’actrice BAE Doona par Philippe Lefort, Ambassadeur de France en Corée, lors de l’avant-première mondiale de #JeSuisLà en 2019

 

Le 14 janvier 2021 sortait en Corée du Sud le film #JeSuisLà (#Iamhere), réalisé par Éric Lartigau. L’intrigue se déroule en France, puis au Pays du matin calme, et retrace l’histoire d’amour entre Stéphane (joué par Alain Chabat), un chef français et une Sud-Coréenne du nom de Soo (jouée par Bae Donna), avec pour toile de fond Séoul.  Déjà un succès en France, où il est sorti le 5 février 2020, #JeSuisLà promet de rencontrer un certain succès en Corée du Sud.

 

Corée et France : deux bastions du 7e art

Jusqu’à ce que la crise de la Covid frappe durement le septième art dans le monde en 2020, l’industrie du cinéma se portait bien en Corée, à travers l’Asie d’abord où les films et séries coréennes (K-Drama) font un véritable carton. Comme le souligne Philippe Mesmer dans Le Monde[1] : « (…) le cinéma sud-coréen figure aujourd’hui parmi les plus productifs, créatifs, divers et talentueux du monde. Une industrie qui s’appuie sur un vaste réseau de salles, particulièrement à Séoul, la tentaculaire capitale, véritable cœur du cinquième marché cinématographique mondial ».

Avec son puissant système de production et de distribution, qui bénéficie du soutien des pouvoirs publics à l'instar de la France, la Corée du Sud produisait, en 2019, 716 films, contre 301 films dans l’Hexagone. En termes d’entrées, le pays du mondialement célèbre Bong Joon-ho (dont le film Parasite a reçu la Palme d’Or à Cannes et a connu un succès considérable en France en 2018) dépasse de peu la France, avec 227 millions en 2019, contre 217 millions en France.

 

2020 : baisse de la production et bouleversement des tendances de distribution

Avec la crise sanitaire de la Covid-19, si les chiffres du box-office en salle et la production cinématographique se sont effondrés, les plateformes de VOD en ligne enregistrent d’excellents résultats. Netflix était le leader du marché de la VOD en Corée en 2020 avec plus de 8,16 millions d’utilisateurs, loin devant les acteurs domestiques Wavve (3,7 millions), Tving (2,8 millions), ou encore Seezn (1,9 millions). Entre 2018 et 2020, la tendance s’est inversée entre acteurs domestiques et étrangers : en 2018, 22% des Coréens utilisaient des services locaux contre 12% de services étrangers, tandis qu’en 2020, 32% de la population utilisait des services étrangers contre 23% côté coréen. Malgré la difficulté des acteurs coréens à faire face à la puissance de frappe des leaders mondiaux qui s’adaptent de plus en plus au contexte local (en 2020, Netflix investissait plus de 302 millions de dollars dans la création de contenu exclusif en coréen), certains nouveaux arrivants domestiques tentent de pénétrer le marché avec des offres compétitives, à l’instar du leader coréen du e-commerce Coupang qui lançait en décembre dernier son service OTT Coupang Play.

En France, 2020 est aussi une année record pour le streaming qui a profité du confinement. Selon les chiffres du Centre national du cinéma (CNC), le marché VOD enregistrait une hausse de 41,% en septembre 2020 par rapport à l’année précédente avec 1,1 milliard d’euros de recettes, marché dominé lui aussi par les leaders mondiaux Netflix, Amazon Prime Vidéo et Disney +.

Face à l’effondrement de la fréquentation des salles (la fréquentation en 2020 atteignait 30% de celle observée en 2019 dans les deux pays), les chaînes de multiplexes et les salles indépendantes, cherchent de leur côté des moyens de survivre à la crise en se diversifiant. La chaîne coréenne CGV a lancé par exemple une nouvelle formule de location de leurs salles …. pour jouer aux jeux vidéo ! Pour le prix de 100,000 KRW (environ 75 euros), jusqu’à 4 personnes peuvent louer une salle pendant 2 heures et profiter d’une expérience immersive sur grand écran. Le gouvernement s’est également mobilisé en offrant des coupons de 6000 KRW (4,5 euros) pour encourager les Coréens à retourner au cinéma. La France, elle aussi, a mobilisé d’important moyens via le CNC et les gouvernements locaux pour soutenir les salles qui résistent à la crise et espèrent une reprise rapide dès les mesures sanitaires assouplies.  

 

Attrait entre France et Corée

En France, la Hallyu est en vogue :  de plus en plus de jeunes Françaises et Français regardent des séries et films coréens, tant et si bien que les différentes plateformes de streaming les proposent maintenant en tête de leurs suggestions de visionnage. Les Coréens, eux aussi, sont friands de films français. Et ce, de plus en plus à travers les plateformes, car la programmation en salle reste limitée (98% du marché est trusté par les trois grands groupes de multiplexes).

Les paysages cinématographiques français et coréens sont proches, et loin d’être concurrents, ils se nourrissent l’un de l’autre. C’est d'ailleurs en s’inspirant du modèle culturel français que l’ancien ministre de la Culture (2003-2004) et réalisateur coréen, Lee Chang-dong (Secret Sunshine, Poetry, Burning), a créé un régime d’intermittents du spectacle et proposé un quota de diffusion des films indépendants. A ce titre, il a pu faire émerger des talents à la carrière internationale, comme Bae Doona (Sympathy for Mister Vengeance, The Host), et a reçu une Légion d’Honneur de la part du gouvernement français. La France et la Corée réalisent également de plus en plus de co-productions franco-coréennes ; on attend la sortie de Matin Calme réalisé par Denis Dercourt et en tournage actuellement avec l’acteur coréen Yoo Yeon-Seok et l’actrice française Olga Kurylenko.

 John Hae-oung, directeur du Centre culturel coréen à Paris revenait sur le dynamisme de nos échanges dans une interview à la FKCCI[2] : «    Dans le domaine de la culture, la Corée et la France ne sont pas concurrentes mais plutôt partenaires. En réalité, elles offrent chacune leurs propres atouts : dans le cinéma, par exemple, si Paris est le berceau historique du septième art, Séoul s’impose comme une nouvelle puissance mondiale, notamment avec Parasite (2018) ou Dernier train pour Busan (2016). Ces deux pays, qui enrichissent la diversité du cinéma, font figure de bouclier contre la domination du cinéma hollywoodien ».

 

Retrouvez les actualités du cinéma français en Corée :

https://www.institutfrancais-seoul.com/category/audiovisuel/cinema/

Et du cinéma coréen en France :

http://www.coree-culture.org/-cinema,016-.html

 


[1] https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/05/21/seoul-capitale-d-un-cinema-en-pleine-forme_5465222_4500055.html

[2] https://www.fkcci.com/actualites/n/news/ca109-rencontre-avec-john-hae-oung-directeur-du-centre-culturel-coreen-a-paris.html  

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