Bilans d’évènement
Déjeuner Economic Forecasts 2019
C’est une institution : chaque année en mars nous laissons la parole à des experts des institutions publiques et des entreprises pour croiser leur vision de la situation macroéconomique coréenne, internationale et des opportunités pour les relations économiques franco-coréennes.
Cette année, nous avons accueilli plus de 60 personnes, essentiellement des décideurs de haut niveau de la communauté d’affaires franco-coréenne ainsi que des journalistes autour d’un buffet. L’ambiance est studieuse ; les visages concentrés se tournent vers les intervenants. Le chef du Service économique de l’Ambassade de France, Michel Drobniak, a introduit les perspectives économiques de la Corée en 2019. Reflétant la crainte d’une récession au niveau mondial, le bilan n’est pas particulièrement optimiste : « l’économie coréenne a progressé à un rythme plus lent que prévu en 2018 avec 2,7% de croissance contre 3,1% en 2017. Et 2019 ne sera pas plus prometteur : si la Banque de Corée est particulièrement optimiste avec 2,6% prévu en 2019, les agences internationales comme Moody’s le sont beaucoup moins en affichant 2,1% ». M. Suk Taek Oh, économiste en chef de la Société Générale remarquait que c’était la première fois que la Corée passait en dessous des Etats-Unis en termes de taux de croissance du PIB compte tenu des mesures fiscales exceptionnelle de relance prises par Donald Trump.
Pourquoi une telle tendance de baisse au dragon asiatique ?
Selon M. Drobniak, la plupart des grands secteurs porteurs de l’économie coréenne sont mis à mal. L’industrie des semiconducteurs qui représente presque un quart des exportations coréennes est sous pression d’une baisse conjoncturelle des prix des puces électroniques et de la concurrence chinoise. Le secteur de la construction souffre aussi de la baisse des transactions immobilières et de la politique de Moon de transférer des crédits de l’Etat des infrastructures vers ses politiques de sécurité sociale. Ou encore, l’industrie automobile a vu sa production baisser de 2% l’année dernière à cause d’une baisse des ventes au niveaux mondial et coréen.
Les fondamentaux économiques restent solides
En revanche les secteurs du tourisme et de la banque s’en sortent bien ; le tourisme connait un rebond grâce au retour des touristes chinois et aux retombées des JO de PyeongChang. Plusieurs facteurs devraient également rassurer les investisseurs en Corée : les fondamentaux de l’économie restent très stables avec une dette souveraine de seulement 40% du PIB, une bonne réserve de devises étrangères qui surpasse 400 Mds USD, une inflation sous contrôle (1,4%) et une note souveraine inchangée des grands cabinets de notation. « Au moyen et long-terme, une coopération avec la Corée du Nord pourrait aussi rapporter de la croissance grâce à l’extension du marché » affirme M. Drobniak. Enfin, la baisse de la croissance est un phénomène normal dans une économie développée qui voit son taux de natalité baisser en-dessous de 1 enfant par ménage, un record. « La Corée reste au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (2,3%) en termes de croissance » rassure M. Drobniak.
Des perspectives optimistes pour les relations économiques franco-coréennes et les opportunités d’investissements étrangers en Corée
Le directeur du Commerce Européen au sein du Ministère coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Energie (MOTIE), Song Ju-Ho a salué le dynamisme des échanges franco-coréens : « la France est un de nos principaux partenaires. Nos deux économies font partie du top 10 mondial et nous avons atteint plus de 9,4 mds USD de commerce bilatéral, en hausse depuis 4 ans consécutifs ! ». « Notre Ministère prévoit de nombreux bancs d’essai dans le cadre de la 4ème révolution industrielle pour les TIC et des mesures pour alléger les fardeaux des investisseurs étrangers » ajoute-t-il.
Côté investissements, ces derniers sont également en hausse : « Naver a investit de manière significative en France dans le domaine de l’intelligence artificielle » affirme M. Song. Le géant internet coréen avait notamment fait sensation avec l’annonce en 2017 du doublement du fonds d’investissement géré par Fleur Pellerin. Depuis, sa branche Naver Labs Europe a fait entre autres l’acquisition du laboratoire de recherche grenoblois Xerox. Côté français, Renault a beaucoup investi dans son usine à Busan pour y commencer la production en masse de son véhicule électrique compact Twizy. Le modèle s’est vendu à plus de 1400 exemplaires en 2018 contre seulement 250 l’année précédente. De belles perspectives à venir !